Une journée à Cœur d’école
Voilà 7 ans que l’école est ouverte… Une école qui n’a cessé de grandir, d’évoluer et qui désormais accueille des enfant de 3 à 12 ans au sein d’un même « groupe-classe ». Nous vous racontons ici ce qui se vit, ce qui se construit, au travers d’une journée type.
L’arrivée des enfants
Durant le temps d’accueil, de 8h45 à 9h30, les enfants font des activités libres dans la classe ou le jardin sous la surveillance d’une enseignante. A 9h30, les enfants s’installent ensemble dans le calme pour la réunion du matin.
La matinée
La réunion du matin
La matinée démarre avec le changement journalier des métiers. Au début, c’était sur la base du volontariat. Un enfant a fait une proposition de changement car les enfants se disputaient les métiers. Désormais, chaque jour, s’opère une rotation des métiers afin que chacun puisse expérimenter chaque métier (exemple : animer la réunion, ranger la classe, etc.).
S’en suit le temps de réveil corporel : certains enfants observent, d’autres répètent les gestes de l’enseignante Laura, qui explique chaque geste en les réalisant, nommant ainsi les parties du corps. Elle change d’enchaînement à chaque période et une fois que les enfants l’ont mémorisé, un enfant anime ce temps lui-même pour le groupe : c’est aussi un métier.
L’enfant qui l’animera fièrement s’aidera d’une fiche mémo. On commence avec le « Comment je me sens » ? Certains se sentent biens, d’autre fatigués, ou encore contents de revoir l’enseignante.
A. : « Je suis content car j’ai vu un oiseau dans ma maison ; mon chat a voulu l’attraper… mais il s’est échappé ». Z., 3 ans, essaie de comprendre mais cela ne semble pas clair pour elle. L’enseignante demande à l’enfant d’expliquer de nouveau et il y parvient parfaitement. « Merci, cette fois, j’ai mieux compris ! » répond Z.
Petit à petit, les enfants développent leur aptitude à s’exprimer à l’oral car c’est important de se faire comprendre de tous en réunion !
La jeune animatrice de réunion, aidée de l’enseignante, lance le second point : c’est le moment de « compter les présents« . C’est au tour d’I., 3 ans, de compter : « on est 12 » ! Les enfants applaudissent car I. a réussi à compter jusqu’à 12 malgré son jeune âge. L’enseignante demande si un enfant peut montrer comment on écrit 12. Un enfant amène l’étiquette correspondant au nombre, permettant à I. de l’examiner puis de l’afficher au tableau.
Les propositions
Ensuite, la matinée est divisée en trois temps d’activité, que les enfants choisissent d’effectuer dans l’ordre de leur choix : activité écrit / mathématiques / projet personnel.
Le temps d’ouverture
Les enfants se rassemblent pour le temps commun d’ « ouverture » : atelier philo, lecture, débat. Les enfants ont créé une nouvelle règle récemment : ils peuvent faire un dessin ou lire s’ils le veulent.
Les autres se rassemblent pour écouter un « grand récit Montessori » expliqué par Marianne. Après avoir abordé la vie sur terre et les premiers hommes, c’est l’invention du langage qui est abordée aujourd’hui. Un débat naît sur les différentes formes de langage : le dessin, les émoticônes, etc. L’intérêt se lit sur les visages et certains poursuivent la discussion un moment ! Le mois dernier, ils avaient lu des biographies, extraites du livre « Les femmes qui ont changé le monde », livre amené par L. à l’école, l’occasion d’aborder les droits des femmes, la citoyenneté, etc.
Les 4 tuteurs partent aider les petits.
Le repas
Les enfants partent manger, accompagnés par un adulte, l‘enseignante étant en pause déjeuner. Les enfants mangent dehors ou dedans selon la météo, puis peuvent jouer ensuite sur la terrasse. Des permis pour rester à l’intérieur ont été délivrés aux enfants suffisamment autonomes. A 13h30, les plus petits partent faire la sieste avec un adulte pendant que l’enseignante accompagne les plus grands dans la pinède, pour un moment de jeux calmes. Elle fait passer le permis « épée » aux enfants : elle leur indique les règles de sécurité et les sacrent « chevaliers » !
Gestion d’un conflit
Ce midi, un conflit éclate entre L. et C. L’un a poussé l’autre, qui est tombé et s’est fait mal et pleure. Ils sont invités à respirer une ou 2 fois et à s’asseoir pour se parler : « Qu’est ce qu’il s’est passé pour toi L. ? Pour toi C.? ». Ils racontent chacun leur version. « Il m’a poussé et puis je suis tombé, ça m’a fait mal. » « Quand tu m’as tiré par le bras, ça m’a mis en colère et du coup je t’ai poussé. Pardon je voulais pas te faire mal, je voulais juste que tu arrêtes de me tirer le bras, j’aime pas du tout ça.»
Cela permet déjà de mieux se comprendre. « Comment tu t’es senti quand C. t’a fait cela ? Et toi ? Et comment tu te sens maintenant que tu sais ? ».
L. : « Triste car j’ai mal ! ».
C. : « En colère quand il m’a tiré le bras et triste maintenant qu’il a mal à cause de moi. Je suis désolé L. »
Cela permet également de se responsabiliser. « De quoi as-tu besoin maintenant ? As-tu quelque chose à demander à L. et inversement ? ».
« Je voudrais qu’il ne me tire plus le bras. » « D’accord. »
« Je voudrais qu’il ne me pousse plus. » « D’accord. »
« Comment tu pourrais faire autrement que de pousser L. pour qu’il arrête de te tirer le bras ? »
« Lui dire que j’aime pas et lui demander d’arrêter ?» « Oui ou aller voir un adulte si tu ne t’en sors pas car pousser quelqu’un est interdit dans l’école car cela peut faire mal.»
Les 2 copains commencent alors une discussion sur un autre sujet car tout a été exprimé et le calme est revenu très vite. Magique…
La gestion des conflits et des limites passe par la voie du dialogue en employant “je” : rappel des faits, expression des ressentis et besoins, demande et/ou réflexion commune sur des solutions créatives à imaginer ensemble. Cette manière de communiquer, dépourvue de jugement ou de comparaison, instaure un climat de sécurité.
L’après-midi
A 14h, les enfants reviennent en classe, c’est le temps lecture. Chacun lit silencieusement, de son coté ou bien des grands lisent aux plus jeunes.
La réunion d’école
Puis, c’est l’heure de la réunion d’école où les sujets concernent l’ensemble des enfants, animée ce jour par J., 7 ans.
Propositions :
– E., 9 ans : “Il y a des chaussures, des gilets qui trainent par terre dans l’entrée, c’est gênant”. Les enfants concernés disent qu’ils vont faire plus attention.
– E., 12 ans, pose le problème des brigades du silence, elle n’a pas de solution mais voudrait qu’on y réfléchisse ensemble : « Il fait froid quand on attend dehors quand nous sommes les brigadiers du silence ! » => ce sont toujours les mêmes qui sont à la même place et c’est agaçant.
Après avoir écouté les interventions, E. formule une proposition qui en tient compte : « je propose une équipe de 5 ou 6 brigadiers de silence par semaine qui change chaque jour de place (lavabo, bibliothèque, portes manteaux, etc.). Une place dehors éventuellement si le 6ème enfant a envie. Les enfants font un tour de parole pour voir s’ils sont tous d’accord… Adoptée !
Les ateliers
C’est le temps des ateliers. Chaque enfant choisit d’aller :
- en « atelier » : les thèmes d’ateliers sont variés et peuvent être proposés et animés par l‘es enseignantes‘enseignante ou par les enfants : anglais, culture du monde, porter secours, comment la chenille devient papillon, histoire, etc. Certains ateliers correspondent à une série d’ateliers qui se suivent chaque semaine, comme les ateliers histoire.
- en « projet personnel » : une règle a été décidée : ils peuvent choisir « projet » un nombre de fois limité. Ils peuvent ainsi démarrer ou poursuivre un projet : article de journal, construction de ville en carton, projet décalcomanie, projet BD, etc.
- ou en « activité autonome » : les activités autonomes correspondent à une proposition faite par l’enseignante, par exemple, dessin de nature. L’enseignante va guider l’enfant et/ou apporter des supports au début de ce temps.
- trois fois par semaine, une sortie en garrigue est proposée.
Marianne anime un atelier aquarelle avec 4 enfants, Julie anime un atelier préhistoire avec trois enfants. Joël, un papa de l’école, poursuit sa série d’ateliers épée dans lequel les enfants tournent : ils ont dessiné leur épée, coupé avec la scie pour les plus grands, poncé, … Quatre enfants sont inscrits en atelier autonome « construction en Kapla ». Après avoir réalisé quelques constructions, ils rejoignent l’atelier aquarelle. Le calme règne dans l’école et chacun est absorbé par sa tâche.
La fin de journée
Le journal de bord
A 15h45 chez les plus grands, c’est l’heure du carnet de bord où chacun écrit ce qu’il souhaite sur sa journée, aidé et corrigé par l‘enseignante. Des enfants s’aident de leur « cahier outil » pour l’orthographe/conjugaison.
Marianne fait remarquer à L. qu’elle n’a fait aucune faute d’orthographe sur son journal de bord et la félicite.
A 15h30 chez les plus petits, les non-scripteurs dessinent et Julie écrit sous leur dictée. Peu à peu, des enfants se mettent à écrire la date, puis quelques mots, puis des phrases. C’est le cas de K. qui écrit comme elle entend depuis peu sur son cahier de bord.
Les présentations
16h : Puis, c’est le temps des présentations. Les enfants se retrouvent à nouveau tous ensemble : les aquarelles, décalcomanies, constructions sont présentées, les textes écrits le matin sont lus. Une enfant est applaudie à la fin de son histoire ! Elle est fière et heureuse !
Les présentations sont ainsi une occasion de partage d’inspirations, de savoirs et de savoir-faire entre les enfants. Les remarques ou questions permettent à l’enfant qui présente de prendre des idées pour améliorer son travail pour la prochaine fois et d’être valorisé.
Brigades de la joie et météo du cœur
Enfin, la maître de réunion enchaîne sur les brigades de la joie. Les enfants ont inventé ce terme pour pouvoir exprimer leur reconnaissance envers un ou plusieurs enfants ou adultes lui ayant fait du bien au cours de la journée ou ayant fait du bien à quelqu’un. Le groupe s’autogère :
Z. : “Brigade de la joie à J. pour les ateliers épées ! Brigade de la joie à L. car je l’ai vu aider E. à attraper son sac !“
Les enfants sont en général très heureux de recevoir des brigades, on sent qu’ils rayonnent de joie !
Puis vient le temps de la météo du cœur : chacun exprime comment il se sent avec des mots pour les plus grands ou des signes pour les petits. A., 5 ans : “ j’ai mis un grand soleil !”.
Il est 16h30 et les parents peuvent récupérer leurs enfants jusqu’à 17h30 ! La garderie est assurée par un adulte jusqu’à 17h30, puis de 17h à 17h30. Les enfants sont heureux de retrouver leurs parents, ils ont tant à leur raconter, mais ne sont pas pressés de rentrer !